Pour la plupart des apiculteurs, il est admis qu’une reine issue d’un essaimage ne fait pas une reine de sélection, bien qu’elle puisse avoir des qualités. Mais chacun reconnaîtra que les reines d’élevage sont spécialement élevées, évaluées et choisies dans ce but.
Pour les mâles, le principe est le même, mais pourtant on peine à leur accorder le même sérieux. Insérer un cadre à mâles dans une colonie de choix n’est pas suffisant. Voir des mâles ne veut pas forcément dire qu’il s’agit de champions.
Pourquoi les mâles sont si importants:
- Parce qu’ils fournissent la moitié de la génétique des filles
- Parce que certains caractères se transmettent plutôt par la voie mâle
- Parce que la maîtrise des géniteurs passe par la maîtrise des fécondations
- Parce que la qualité de leur semence influence plusieurs aspects de la reine comme sa physiologie de ponte et la qualité de ponte
Le cadre à mâles sera dimensionné selon les besoins. En insémination à un seul mâle, une surface de 5 x 5 cm peut même suffire. Pour les inséminations à plusieurs mâles, 5 cm au bas d’un cadre de corps Dadant seront assez. Rien à voir avec le cadre de piégeage des varroas. Mieux vaut peu de mâles, mais de qualité, que beaucoup d’invalides.
Personnellement, j’affectionne découper des morceaux de rayons en alvéoles de mâles et les insérer dans un cadre de la colonie en cellules d’ouvrières. Cela permet de générer la surface souhaitée, de maintenir les futurs mâles au centre du nid à couvain, de maximiser les chances de prise en charge au moment souhaité.
La couleur de l’abeille Buckfast est souvent sujette à discussion. Certains apiculteurs préféreront les mâles foncés et d’autres les mâles plus jaunes ou plus cuivrés. Certaines reines en font de diverses couleurs. Personnellement, je crois savoir que la couleur n’était pas une préoccupation prioritaire du Frère Adam et je n’ai pas de réelle préférence. Je trouve que les reines plus claires sont plus faciles à trouver, donc permettent de gagner un peu de temps. Les reines foncées me paraissent parfois plus jolies.
On devrait toujours garder en tête les ennemis des mâles:
- la pollution
- le varroa
- les virus et les champignons
- le chaud
- le froid
- la disette (sucre ou protéines)
- l’hostilité des abeilles
- le manque de considération des apiculteurs…
Si on se rate franchement, c’est facile à voir… les mâles mourront et leurs cadavres malheureux se retrouveront sur la grille à reine de fond. Dans ce cas, suite à une période de froid, la ruche à mâle a eu faim. La sanction fut immédiate.
Mais on peut aussi se rater de manière invisible au premier abord. En effet, un taux élevé de mortalité des spermatozoïdes ça ne se voit pas à l’œil nu, mais soit au microscope, soit à la mauvaise ponte à venir des reines.
Je partage l’avis d’Eugen Neuhauser: Dans les stations, en cas de mauvaises fécondations, on met trop souvent en avant des causes comme les conditions météo ou la fraîcheur nocturne, alors que bien souvent la cause des échecs se trouve du côté de la qualité des mâles.